Qu’est-ce que l’agrivoltaïsme ?
Une installation photovoltaïque est qualifiée d’agrivoltaïque lorsque ses modules photovoltaïques sont situés sur une même surface de parcelle qu’une production agricole et qu’ils l’influencent en lui apportant directement un des services suivants :
adaptation au changement climatique
accès à une protection contre les aléas météorologiques
amélioration du bien-être animal
agronomie pour les besoins des cultures
Ce sans induire ni dégradation importante de la production agricole (qualitative et quantitative), ni diminution des revenus issus de la production agricole.
Quelles sont les deux branches d’application de l’agrivoltaïsme ?
l’agrivoltaïsme de cultures :
viticulture, arboriculture, maraîchage, grandes cultures par exemple avec des opérateurs comme Sun’Agri, Ombrea, REM Tec, Akuo et TSE.
l’agrivoltaïsme d’élevage :
volaille, ovins, bovins, porcins par exemple, les animaux s’abritent sous les panneaux photovoltaïques pour se protéger des fortes chaleurs ou des intempéries. Quelques opérateurs de l’agrivoltaïsme d’élevage : Sun’Agri, Ok Wind, Davele, GLHD (filiale d’EDF) et Voltalia.
Pourquoi l’agrivoltaïsme peut concilier à la fois les enjeux de transition agricole et les enjeux de la transition énergétique ?
1. Parce que l’agrivoltaïsme répond aux impératifs de transition agricole en adaptant les cultures aux bouleversements climatiques.
En effet, pour nourrir les habitants de la planète d’ici 2050, l’agriculture doit augmenter sa production de 56% par rapport à 2010 tout en réduisant l’utilisation de produits phytosanitaires. Cela représente 500 Mha de terres agricoles supplémentaires (soit 20 fois la surface agricole de la France). Et ce alors que les effets du changement climatique se font déjà sentir (augmentation des pertes erratiques liées aux aléas climatiques, besoin accrus en irrigation en période sèche…).
Depuis 5 ans, la France déplore une baisse de 11% de la production alimentaire nationale (source : Agreste)
et le GIEC indique en 2050 une perte moyenne de rendement mondiale de près de 20%.
2. Parce que l’agrivoltaïsme répond également aux impératifs de transition énergétique en développant l’énergie solaire.
En France, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) vise la neutralité carbone en 2050 via la réduction des énergies carbonées (charbon, pétrole etc..) par des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, biogaz…).
En 2028 le déploiement de l’énergie solaire devrait se situer entre 35 GW et 44 GW or, la contrainte majeure de l’installation de panneaux photovoltaïques est la disponibilité des espaces.
A l’heure actuelle, les installations photovoltaïques au sol sont tournées prioritairement vers des terrains dégradés (comme les anciennes carrières, les décharges, les terrains militaires), que les développeurs peuvent réhabiliter pour les transformer en champs solaires. Mais la filière photovoltaïque alerte sur une disponibilité de plus en plus faible de ces surfaces.
Avec près de 30 millions d’hectares disponibles, le foncier agricole apparaît comme une solution possible très tentante. Pour un développement harmonieux, il est donc nécessaire que la production d’énergie ne supplante pas la production agricole. Des contraintes règlementaires strictes sont donc nécessaires.
Comment s’est développé
l’agrivoltaïsme ?
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1981
Les allemands Adolf Goetzberger et Armin Zastrow formulent l’idée d’une cohabitation entre une production d’énergie solaire et une production agricole afin d’améliorer le rendement global.
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2004
Le japonais Akira Nagashima installe des fermes solaires avec un espacement suffisamment large pour laisser passer la lumière et combiner production agricole et énergétique sur un même espace.
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2009
Lancement de l’expérimentation d’ombrières fixes à La Valette (Hérault) par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et Sun’R.
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2011
Le terme « agrivoltaïque » est utilisé pour la première fois dans une publication scientifique.
Mise en service de la première centrale solaire sur serres de type Agrinergie par le groupe Akuo à La Réunion. -
2012
Mise en service par le groupe Akuo de centrales au sol sur horticulture à la Réunion.
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2015
Mise en service d’un démonstrateur d’ombrières mobiles par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et Sun’R à La Valette (Hérault).
Fondation de REM Tec, entreprise italienne d’agrivoltaïsme dynamique -
2016
Mise en service d’ombrières fixes sur des grandes cultures par le Fraunhofer (institut allemand spécialisé dans la recherche en sciences appliquées).
Fondation d’Ombrea, entreprise française d’agrivoltaïsme dynamique. -
2017
Lancement du premier appel d’offres de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) permettant l’installation de solutions photovoltaïques en France.
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2018
Installation du premier démonstrateur agrivoltaïque dynamique au monde sur le site du domaine viticole de Nidolères à Terresse (Pyrénées-Orientales).
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2019
Fondation de Sun’Agri (filiale de Sun’R), entreprise française d’agrivoltaïsme dynamique.
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2021
L’ADEME publie sa première étude sur l’agrivoltaïsme. Elle définit l’agrivoltaisme autour de trois principes : le service direct apporté à la parcelle agricole, le maintien ou l’amélioration de la production et du revenu agricole.
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2022
Mission d’information sur l’agrivoltaïsme de la Commission du Développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée Nationale.
Mise en place de la certification Afnor du label Projet Agrivoltaïsme -
2023
Adoption de la loi APER. Elle créé un cadre légal et institue l’agrivoltaïsme comme filière à part entière, distincte du photovoltaïque (Article 54).
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2024
9 avril : Publication du décret d’application de la Loi APER et son Article 54 (cadre opérationnel détaillé)